Ça ne date pas d’aujourd’hui, nos amis transalpins n’ont pas attendu la facture américaine ou anglaise pour produire des instruments reconnus et qui auront traversé le temps.
J’en veux pour preuve les réalisations d’un certain Antonio Stradivari, ou encore des frères Jacobacci qui ont fait les grandes heures de la guitare en France. Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée après ces illustres personnages, car d’autres ont repris le flambeau.
J’en veux pour preuve un certain Gaetano Costanzo, qui est encore aujourd’hui, à l’origine d’instruments de grande qualité.
Installé dans la magnifique ville de Naples depuis plus d’une décennie, c’est par manque d’argent que Gaetano a fait ses premières armes en fabricant lui-même ses propres instruments (d’autres ont mis un pied dans le métier de cette façon là). Puis le virus l’a piqué, ce qui l’a poussé à franchir le pas, et proposer ses services pour le compte d’un autre luthier qui deviendra son propre maître.
Cette expérience plutôt concluante lui aura finalement permis d’apprendre “le métier”, en fabricant non seulement des basses, mais aussi des guitares (classiques), des mandolines, et même des violons. Fort d’une expérience acquise au prix de longues années d’apprentissage, le jeune luthier décida au bout du compte, de se lancer lui aussi dans l’aventure et d’ouvrir son propre atelier.
Bien qu’armé d’un bagage conséquent lui permettant de produire quasiment n’importe quel instrument, c’est vers la basse que ce dernier s’est finalement tourné. Initialement, son instrument de référence n’était autre que la célèbre basse demi-caisse de chez Hofner utilisée par Paul McCartney.
Gaetano fut rapidement influencé par d’autres instruments de chez Rickenbacker, mais aussi des standards que nous connaissons tous aujourd’hui, et que sont les Jazz-Bass/Précision de chez Fender. Mais attention, qui dit inspiration ne signifie pas pour autant “copies conformes à l’originale”. En effet, ce jeune luthier italien a toujours eu pour but d’apporter à chaque instrument sortant de son atelier, ce petit quelque chose qui en ferait une pièce unique.
La lutherie a toujours été d’un niveau supérieur, et les micros/électronique, étaient tous spécifiques et en accord avec les goûts et besoins de ses clients.
Après avoir rencontré un succès d’estime, Gaetano est passé à la vitesse supérieure en faisant parler toute sa créativité. C’est ainsi que sont nées les modèles Bunker et Lolly, proposés en différentes variantes, et entièrement customisables par le client.
Bien qu’ayant un penchant très prononcé pour la basse, Gaetano continua cependant de produire des guitares classiques (même si à terme, ce dernier envisage de se consacrer pleinement et exclusivement à la production de basses).
En terme de lutherie, on notera un soin tout particulier apporté à la sélection des essences de bois. L’Érable vient du Canada, l’Acajou du Honduras, le Palissandre d’Inde (celui dit, de “Rio” est interdit à la coupe depuis malheureusement quelques temps) et l’Ébène du Gabon.
Mais non content de se satisfaire d’une lutherie de haute volée, Gaetano en a profité pour pousser le bouchon encore plus loin côté micros.
Et oui (c’est suffisamment rare pour le souligner), il produit lui-même ses micros. ça n’a d’ailleurs pas été sans mal, car chaque modèle proposé a été le fruit de longues périodes d’expérimentation, en utilisant des bobines et des fils de cuivre de différentes origines (Heavy Formvar, Plain Enamel, Polysol, etc), mais aussi des aimants de nature spécifique (Alnico 5, etc). Mais autant dire que cette customisation à tous les étages aura porté ses fruits.
Au final, Gaetano propose 3 séries distinctes de micros (Vintage, Modernes et Customs). Comme vous devez vous en douter, chaque micro aura sa propre personnalité afin de satisfaire à tous les styles.
Côté électronique, vous retrouverez aussi bien du passif que de l’actif, avec pour cette dernière, la collaboration d’un artisan lui aussi transalpin, qui a développé un pré-ampli maison baptisé le “CoolSound” (tout un programme).
Pour le reste, c’est encore une fois du sur-mesure concernant la disposition/complexité des réglages, les potards (push/pull pour jouer sur le réglage des paramétrique des fréquences), etc.
Côté accastillage, Gaetano fait travailler 3 acteurs majeurs que sont Gotoh pour le vintage, Schaller qui conviendra plus aux modèles plus modernes, et Hipshot si on veut pousser la customisation encore plus loin.
Autre détail qui aura son importance : le chevalet.
De ce côté là, Gaetano n’a pas cédé aux sirènes du tout-venant ! Encore une fois, c’est du fait maison, et principalement en laiton ! Pour le sillet, et suivant les attentes du client, ce dernier sera réalisé soit en os, soit en laiton (question de goût et de timbre de l’instrument).
Des instruments signature !
Fort d’une expérience et d’une image qui ne cesse de grandir, Gaetano a également collaboré avec le bassiste Rosaire Ricobono, afin de lui fabriquer un instrument respectant scrupuleusement les désirs de l’artiste. Il s’agit d’un instrument reprenant donc le form factor de la célèbre Jazz Bass, mais dont la majeure partie des éléments (micros/électroniques/sélection des essences de bois, etc) ont été conçus et réalisés par le luthier italien. Mais rentrons un peu dans le détail.
Gaetano a opté pour des spécifications que l’on pourrait qualifier de standard avec comme le modèle dont il s’inspire :
- un corps en Aulne,
- un manche vissé en Érable,
- touche en Érable de 20 cases,
- 2 micros simple bobinage maison.
Côté finition, et outre les repères triangulaires et liserés qui fleurent bon les années 70, le manche a été renforcé par un double trussroad à action réglable au talon. Le corps bénéficie d’une finition Cherry Sunburst du plus bel effet, et surmonté d’une plaque elle aussi de fabrication maison. Petit détail qui n’échappera pas aux plus curieux, la présence d’une Finger Ramp transparente réalisée par Gaetano Costanzo, positionné entre les deux micros. Bien que la facture de l’instrument soit de par sa forme plutôt connotée “vintage”, le cordier ainsi que les mécaniques ont été pris dans le catalogue d’Hipshot. Comme nous le disions précédemment dans cet article, le sillet est en laiton, et réalisé par le jeune maître italien.
Dès la première prise en main, la première chose qui surprendra sera l’équilibre parfait de cette basse. Elle ne piquera pas du nez, et vous ferez immédiatement corps avec l’instrument. Rosaire Ricobono étant lui-même endorsé par la marque Savarez, vous ne serez donc pas étonnés d’y retrouver les cordes signature de l’artiste. Côté électronique, Gaetano a fait de gros efforts de développement pour coller au plus près des exigences de l’artiste. Vous retrouverez donc un pré-ampli Coolsound, un switch qui vous permettra de basculer d’un mode actif à un mode passif via un simple potard Push/Pull.
D’autres éléments de contrôle seront également proposés comme une balance entre les deux micros maison, un double potentiomètre graves/aigus, un autre potard pour les médiums (attention ces deux derniers potentiomètres ne seront pas effectifs en mode Passif).
La basse signature de Rosaire Ricobono vous propose la possibilité d’utiliser l’instrument aussi bien en mode passif, qu’en mode actif. Notez qu’en mode passif (position haute du potentiomètre de volume), tous vos réglages d’égalisation seront automatiquement désactivés.
Balance ouverte sur le micro grave, l’instrument vous fera immédiatement penser à une Précision, avec une sonorité très précise, donc idéale pour voyager parmi les œuvres classiques du Rock. En basculant sur l’autre micro, le son sera agrémenté d’un surplus en médiums, et qui évoquera pour les plus analytiques d’entre nous, un son très Jaco Pastorius, mais avec plus d’aigus. Avec la balance au centre, on se retrouvera de suite dans l’univers Jazz Bass, avec un très bel équilibre sur l’ensemble du spectre, ce qui vous offrira une grande polyvalence, quelque soit le style (funk, jazz, rock, blues, etc).
Peu importe la technique de jeu que vous emploierez (slap, médiator, doigts), l’instrument ne manquera jamais de dynamique mais aussi de définition quelque soit la tessiture. On notera également l’influence de la rampe au niveau du jeu qui empêchera de mettre les doigts sous les cordes pour plus de fluidité dans le jeu.
En mode actif, et potentiomètre de volume enclenché, vous accéderez automatiquement aux paramètres d’égalisation. En position centrale, les volumes seront quasi équivalents. En jouant sur les 3 bandes, vous obtiendrez un gain substantiel de volume. Dans le cas inverse (donc avec moins de puissance), vous obtiendrez des couleurs différentes, et donc pourrez bénéficier d’une palette sonore étendue.
Et si on parlait tarifs ?
Qui dit sur-mesure laisse toujours entendre :“tarifs prohibitifs”. Et bien jugez-en par vous-même :
Pour un modèle de la série “Vintage” en version passive et avec une finition de base, il vous en coûtera moins de 2000€ (1900€ pour être plus précis). En ajoutant certaine options de finition et une électronique active, comptez 2500€.
Pour vous donner un ordre d’idée, le modèle le plus cher du catalogue atteint les 3500€. Certes cela représente une somme, mais à ce prix-là, vous en aurez très largement pour votre argent, car autant être clair : les caractéristiques de l’instrument seront à l’avenant (lutherie, micros/électronique/accastillage, etc).
En ce qui concerne l’instrument signature de Rosaire Ricobono, il vous faudra prévoir une enveloppe de 2450€ environ (suivant les options). Mais vu la cohérence du produit (choix des bois, finition, électroniques, etc), c’est un investissement que vous ne risquez pas de regretter de sitôt !
Conclusion
Au final, le jeune maître italien a su sublimer un instrument qui au fil du temps n’aura jamais su trouver une autre voie (difficile parfois pour les marques de faire évoluer un produit à succès par peur de tuer la poule aux œufs d’or). Ici, Gaetano a su redonner à la Jazz Bass d’aujourd’hui, l’âme avec laquelle elle aura été conçue par Léo Fender avec une conception artisanale de très grande qualité, une sélection drastique des bois, des micros judicieusement pensés et qui feront le job quelques soient les cas de figure.
En bref, un instrument moderne de conception artisanale, mais préservant l’ADN qui aura fait le succès de son célébrissime ancêtre.